Moi, Renaud, séparent
Il y a un an et demi, j'entamais une nouvelle histoire dans ma vie de parent : redevenir célibataire tout en faisant le choix avec mon ex-compagne de continuer à vivre en famille sous le même toit. Une relation qui apporte autant de réponses qu'elle ne pose de questions.
Crédit photo : Amélien Bayle (Creative commons - Flickr)Rien, absolument rien, ne me prédestinait à être https://separents.kesselmedia.fr/posts/pst_8fce6a2f2c284190a0ecbb3dfb9b1dee/comment-nous-sommes-devenus-des-separentsséparent. Enfant, les divorces se comptaient sur les doigts d’une main dans mon entourage. Je voyais le couple comme quelque chose de sacré. Un pacte que l’on ne rompt pas, sauf cas de force majeur. Et certainement pas pour vivre sa vie d’homme ou de femme. Mais, depuis déjà de nombreuses années, je m’interroge sur le bien-fondé de l’exclusivité et de la fidélité. Pourquoi faudrait-il, en gage d’amour, renoncer à sa liberté et devenir la propriété de quelqu’un d’autre ? Pourquoi se restreindre à n’aimer qu’une personne, comme à l’école quand on se choisit un ou une meilleure amie ? De quoi a-t-on peur en cadenassant les sentiments de l’autre ? Je frime mais j’ai, comme beaucoup, un grand besoin de stabilité. Toutefois, est-ce bien raisonnable d’attendre de la stabilité de quelque chose d’aussi volatile que l’amour (en tous cas pour quelqu’un d’autre que ses parents, ses frères et soeurs ou ses enfants) ?
La seule permanence est l’impermanence nous dit le penseur chinois Lao Tseu. Eh bien n’est-ce pas cela l’amour, une glorieuse incertitude, tout comme le sport ? On aime regarder une rencontre sportive pour le frisson que cela nous procure de ne pas en connaître le dénouement, pour les rebondissements, pour les joies (et donc aussi les peines) qu’un tel ascenseur émotionnel suscite. De la même façon, l’amour n’est pas un tapis roulant qui avance toujours à la même vitesse. C’est un grand huit. C’est vertigineux. C’est explosif. C’est irrésistible. C’est douloureux aussi. Mais ce n’est pas stable. C’est même terriblement instable.
Etre des parents unis sans être des parents amants
Dès lors, pourquoi se faire la promesse de s’aimer jusqu’à ce que ce la mort nous sépare ? Et pourquoi faire de l’amour avec un grand A le socle de nos relations parentales ? Que se passe-t-il lorsque l’on ne s’aime plus ? Cesse-t-on d’être de bons parents ? Doit-on nécessairement être des amants (ou prétendre de l’être) pour être un papa et une maman unis ? Il y a ici plus de questions que de réponses. Tout simplement parce qu’en la matière, je ne crois pas au prêt-à-porter mais au sur-mesure. Cela suppose de s’écouter et de se faire entendre, quitte à nager à contre-courant de la morale. Car, comme le dit Léo Ferré, ce qui est gênant avec la morale, c’est qu’il s’agit toujours de celle des autres.
Depuis un an et demi, nous avons acté officiellement avec Nathalie que nous n’étions plus des amants. Pourtant, en décochant cette case, nous n’entendions pas renoncer à être une famille aimante. Juste, nous ne sommes plus une famille « amante ». Nous continuons de vivre ensemble sous le même toit avec nos deux enfants mais sommes à présent des séparents, c’est-à-dire des parents ayant repris leur liberté sentimentale. Alors certes, notre relation n’est pas sans tensions (comme tout ce qu’on entreprend à deux) et nous sommes dans une sorte de R & D permanente. Mais n’est-ce pas comme cela que l’on fait avancer la science ?!
Comme l'an dernier pour les vacances, nous nous sommes d'ailleurs lancés dans un voyage en van tous les 4 (avant de poursuivre nos congés séparément). Pas vraiment ce qu’on attend de la part de parents séparés. Mais nous avons envie de continuer de vivre des moments ensemble et de nous fabriquer des souvenirs en commun. Sans doute notre façon à nous de faire souffler un « van nouveau » sur la famille…
https://separents.kesselmedia.fr/posts/Pour partager vos réactions et vos histoires de vie à 2, vous pouvez écrire à separents@gmail.com. Et pour vous abonner à la newsletter Les Séparents, c'est ici
Lire aussi : "Avec personne m'écoute", la communication non violente monte sur scène
Lire aussi : Comment nous sommes devenus des "séparents"
